Enquête sur les compagnies franciliennes – chiffres 2018
Le contexte global a fortement évolué depuis la dernière enquête (2011) menée par la FéRue. Les transformations sont multiples, tant au niveau sectoriel (rôle accru des femmes, risque de disparition de certaines formes de spectacles, suppression des emplois aidés, dégradation continue de la diffusion), qu’aux niveaux socio-économique, politique et démocratique (augmentation de la précarité et des inégalités, plus de sécurité moins de sûreté, marchandisation croissante de l’espace public, restriction des libertés, iniquité de traitement intra et inter-secteurs…). Les enjeux historiques, environnementaux, sociétaux et philosophiques, également bouleversés par cette crise sanitaire, nous poussent à vouloir construire l’avenir autrement, à imaginer un «avenir alternatif désirable» (Frédéric Lordon dans «Vivre sans? Institutions, police, travail, argent…»)
Achevée en 2021, cette nouvelle Observation Participative et Partagée propose un état des lieux des compagnies franciliennes (chiffres 2018) dont vous trouverez tous les détails ci-dessous.
Les conclusions que nous tirons de cette enquête sont les suivantes :
La situation des compagnies a trop peu évolué depuis la première enquête de la FéRue (en 2008) : en termes économiques, les budgets sont globalement en baisse et ne sont pas compensés par la légère hausse des subventions, même si la structuration du secteur a permis sa reconnaissance (créations de labels) et donc la pérennisation de nombreux équipements ainsi que le maintien de nombre de compagnies. Mais la structuration des compagnies évoluent doucement.
L’emploi permanent reste peu développé (47% des compagnies n’ont aucun CDI) et ne le compensent pas vraiment par le recours au CDD, puisque 68% des compagnies n’en emploient pas.
Une bonne nouvelle : les équipes artistiques sont plus paritaires.
Bien que peu subventionnée, la création reste l’activité principale des compagnies, et le développement de l’action culturelle apparaît comme ambigu. Source de financements publics, elle contraint les compagnies à rentrer dans le moule d’appel à projets de plus en plus complexes, en risquant de les enfermer dans une stratégie court-termiste.
Alors que le nombre de compagnies en Île-de-France continue d’augmenter, que de nouveaux lieux de fabrique s’ouvrent ou s’agrandissent, améliorant les capacités à accueillir et diffuser les oeuvres, aucun levier n’est observé en matière de diffusion. Depuis 2011, le nombre annuel moyen de représentations des compagnies franciliennes sur leur territoire est passé de 14 à 10.